11 mars 2025
Retrouver la mémoire du vivant
Par
Florence Gault
Nous souffrons tous d’une forme d’amnésie environnementale : nous prenons pour référence l’environnement dans lequel nous vivons sans toujours réaliser qu’il était déjà altéré par rapport aux générations précédentes. Comment préserver la mémoire de notre relation au vivant ? Au creux de mon arbre, l’écho du vivant invite chacun à partager ses souvenirs de nature pour raviver ce lien essentiel.
©En un battement d'aile
Nous naissons et grandissons dans un environnement que nous pensons être la norme. Pourtant, cette perception est biaisée. Chaque génération prend pour référence l'état de nature qu'elle a connu durant l'enfance, sans toujours réaliser qu'il était déjà altéré par rapport aux générations précédentes. C'est ce que les scientifiques appellent l'amnésie environnementale.
Le psychologue américain Peter Kahn souligne que nous nous habituons progressivement à la dégradation de notre environnement, incapables de mesurer pleinement l'ampleur des pertes. Pourtant, la biologiste Anne-Caroline Prévot propose une solution : renouer avec nos souvenirs de nature et les partager.
C'est dans cet esprit qu'est né Au creux de mon arbre, l'écho du vivant. Florence Gault et Audrey Ranchin ont créé un arbre-cabane, un espace intime et protecteur où chacun est invité à déposer un fragment de son histoire en lien avec le vivant. Une démarche qui rejoint le concept d'écobiographie développé par le philosophe Jean-Philippe Pierron.
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Les témoignages recueillis révèlent une vérité essentielle : notre identité est irrévocablement marquée par les liens que nous tissons avec notre environnement. Dès l'enfance, ces interactions laissent une empreinte indélébile. Or, comme l'écologue Robert Pyle le souligne, nous faisons face à une extinction de l'expérience de nature. Si les nouvelles générations grandissent déconnectées du vivant, comment pourraient-elles éprouver le besoin de le protéger ?
Il est urgent d'imaginer de nouvelles façons d'offrir à chacun l'opportunité de vivre la nature, de la ressentir et de la raconter. Car c'est en ravivant cette mémoire collective que nous pourrons, peut-être, mieux préserver ce qui nous lie au vivant.