9 mars 2025

L’Afrique face au défi climatique : entre adaptation et développement

Par

Florence Gault

Climat

3 mins

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Sécheresses prolongées, inondations dévastatrices… En Afrique, les phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient sous l’effet du dérèglement climatique. Pourtant, à l’échelle mondiale, le continent est l’un des plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre. Un paradoxe mis en lumière par le dernier rapport du GIEC, qui souligne à la fois la vulnérabilité de l’Afrique et les leviers d’action possibles pour y faire face.

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Le continent africain, bien qu’il ne soit responsable que de 9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, figure parmi les régions les plus touchées par le changement climatique. Ce paradoxe, relevé dans le dernier rapport du GIEC, est au cœur des défis que doit relever l’Afrique pour assurer un développement durable tout en s’adaptant aux bouleversements climatiques.

« Ce sont souvent ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre qui sont les plus vulnérables », explique Aïda Diongue-Niang, vice-présidente du groupe de travail 1 "Sciences du climat" du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'Evolution du climat (GIEC) et chercheuse associée au laboratoire de physique de l’atmosphère et de l’océan à Dakar, au Sénégal. En Afrique, la dépendance au climat des moyens de subsistance accentue cette vulnérabilité. Exemple en Afrique de l’Ouest, l’agriculture emploie 60% de la population active. Une perturbation climatique, qu’il s’agisse d’une sécheresse prolongée ou d’inondations, peut rapidement compromettre la sécurité alimentaire et l’économie locale. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 282 millions de personnes souffraient de sous-alimentation sur le continent en 2022, un chiffre aggravé par les aléas climatiques.

S’adapter sans freiner le développement

Les défis à relever sont nombreux. « En termes d’adaptation, il faudra revoir et renforcer les stratégies en place, car certaines solutions nécessitent du temps pour être pleinement opérationnelles », ajoute Aïda Diongue-Niang. Cela implique de penser à long terme tout en agissant rapidement pour limiter les impacts actuels.

Mais l’Afrique doit aussi conjuguer résilience climatique et développement économique. Avec l’un des taux d’urbanisation les plus élevés au monde, le continent fait face à une croissance rapide de ses infrastructures. « L’Afrique connaît l’un des taux d’urbanisation les plus élevés au monde. Or, qui dit urbanisation dit augmentation des émissions de gaz à effet de serre, si les comportements ne changent pas », avertit la scientifique. Cette aspiration légitime au développement nécessite cependant de conjuguer croissance économique et durabilité environnementale. Avec une population estimée à 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, la pression sur les infrastructures ne fera qu’augmenter. L’urbanisation rapide est donc un défi de taille : construire des villes, sans aggraver les émissions, nécessite des solutions innovantes.

Pour Aïda Diongue-Niang, la clé réside dans une stratégie de développement intégrée, capable d’allier « adaptation au changement climatique et contraintes de développement basée sur les connaissances scientifiques et locales ». Certaines initiatives montrent la voie. Les techniques traditionnelles de collecte d’eau de pluie, utilisées dans les zones semi-arides comme le Sahel, pourraient être combinées avec des innovations modernes pour maximiser leur efficacité. En Éthiopie, un vaste projet de restauration de paysages forestiers a permis de reverdir plus de 15 millions d’hectares de terres dégradées. Ces exemples prouvent qu’une action ciblée et collaborative peut renforcer la résilience du continent.

Un soutien international insuffisant

Reste la question du financement. Lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, un accord sur la finance climatique a été conclu : les pays du Nord se sont engagés à mobiliser 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour aider les pays en développement à s’adapter. Si ce montant a été multiplié par trois par rapport à l’objectif fixé en 2009 et atteint en 2022 (avec deux ans de retard), il reste très loin des attentes des pays en développement. Ces derniers demandaient initialement 1 300 milliards, tandis qu’un groupe d’experts mandatés par l’ONU avait estimé les besoins à 1 000 milliards de dollars. Cette déception s’est d’ailleurs traduite par des contestations inédites. Plusieurs délégations ont accusé les pays riches de ne pas assumer leur responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre.

Pour en savoir plus, vous pouvez écouter cette chronique consacrée au sujet :

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