La biodiversité s'effondre, toutes nos condoléances

« Nous sommes tous réunis aujourd’hui pour faire le deuil de la nature », a lancé Marie-Paule de Thiersant, secrétaire générale de la LPO Auvergne Rhône Alpes ( Ligue pour la Protection des Oiseaux), en ouverture de la conférence de presse qui s’est tenue le vendredi 14 mars 2025. En 15 jours, la LPO a décidé de mobiliser la France entière au travers de différents événements pour sensibiliser le public à l’effondrement de la biodiversité et aux menaces pesant sur l’environnement.

Le constat est sans appel. La faune sauvage disparaît à un rythme effréné : 70 % des vertébrés ont disparu en 50 ans, 80% des insectes ont disparu en 10 ans, tandis que l’Europe a perdu 80 millions d’oiseaux en 40 ans. Le constat est clair pour les associations : « Même si on est dans le déni, il ne faut pas se voiler la face, on vit une sixième extinction, comparable à celle qui a décimé les dinosaures il y a 66 millions d'années », dénonce Hugues Mouret, directeur scientifique de l’association Arthropologia.

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Un exemple récent : l’extinction du Courlis à bec-grêle, une espèce d’oiseau considérée éteinte en novembre 2024. Il s’agirait ainsi de la toute première extinction d'oiseau d’Europe continentale connue à ce jour. Pire, l’espèce serait éteinte depuis 1996, car aucune identification incontestable de courlis à bec grêle n’a été effectuée en près de 30 ans. Les alertes scientifiques se multiplient depuis des décennies, mais les décisions politiques peinent à suivre, selon Hugues Mouret : « nous sommes revenus 50 à 60 ans en arrière ». 

Un retour en arrière de plusieurs décennies

Ces conférences ont notamment été organisées, suite à la loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture, définitivement adoptée par le Parlement le 20 février dernier. « Grâce à cette loi, une personne qui détruit un morceau de forêt risque une petite amende de 450 euros maximum ou un stage de sensibilisation s’il ne veut pas la payer », dénonce Pierre Athanaze, vice-président Les Écologistes de la Métropole de Lyon, en charge notamment de la biodiversité. Les associations s’inquiètent du renoncement des ambitions du Pacte vert européen, la suppression de la protection d’espèces menacées comme le loup et l’affaiblissement du rôle et de l’autorité de l’Office Français de la Biodiversité. « Nous portons aussi le deuil de la démocratie participative », ajoute Marie-Paule de Thiersant.

Des victoires, mais un combat permanent

Malgré ce constat inquiétant, des mobilisations récentes dans la région semblent montrer aux associations que de l’espoir demeure. C’est le cas de l’arrêt du chantier de l’autoroute A69, qui a été déclaré illégal le 27 février dernier. Le combat continue aussi sur le terrain juridique, bien que les associations peinent parfois à établir un rapport de force suffisant face aux décisions gouvernementales. Face à cette situation, la LPO invite chacun à agir à son échelle : dans les urnes, par un engagement militant et en soutenant les associations qui œuvrent pour la biodiversité.