7 mars 2025
L'impact écologique du ski
Par
Aurélie Chanier et Florence Gault
À l’heure où les enjeux environnementaux deviennent cruciaux, la pratique du ski suscite de plus en plus de questions quant à son impact écologique. Responsable d’émissions importantes de gaz à effet de serre, notamment via les trajets en voiture vers les stations, le ski impacte aussi directement les écosystèmes de montagne et les sols.
©AA/En un battement d'aile
Selon Loïc Giaccone, journaliste spécialisé dans les questions climatiques et doctorant à l'Université de Lausanne, « la pratique du ski est responsable d'émissions importantes de gaz à effet de serre ». Ces émissions sont majoritairement liées aux déplacements des skieurs, qui représentent plus de 50 % du bilan carbone de cette activité, selon une étude de l’Agence de la transition écologique (ADEME). Les trajets en voiture jusqu'aux stations, souvent situées dans des zones reculées, constituent ainsi le principal poste d'émission.
Outre les transports, les émissions proviennent de l'hébergement touristique, qui engendre une consommation d'énergie significative, ainsi que des équipements et des infrastructures. Les domaines skiables utilisent des remontées mécaniques, des dameuses et des canons à neige, mais ces équipements ne contribuent qu'à hauteur de 2 à 3 % des émissions totales. « Le fonctionnement des stations de ski n’est pas le principal problème au niveau climatique », souligne Loïc Giaccone, rappelant que le véritable enjeu reste la mobilisation massive de ressources pour accueillir des millions de skieurs chaque année.
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L’impact sur les écosystèmes montagnards : artificialisation des sols et perturbations de la faune
Mais les émissions de CO₂ ne sont qu’une partie des impacts environnementaux du ski. Les infrastructures nécessaires, telles que les remontées mécaniques et les logements touristiques, entraînent une artificialisation importante des sols. Ces aménagements modifient durablement les écosystèmes montagnards, affectant leur capacité à absorber le carbone et à résister aux aléas climatiques.
« Ces infrastructures ont une emprise forte sur les sols et sont responsables d’une bonne partie de l’artificialisation en montagne », explique Loïc Giaccone. Ce processus perturbe également les écosystèmes, déjà fragiles, en réduisant l’habitat naturel de nombreuses espèces. Parmi les plus touchées, la faune montagnarde, qui souffre particulièrement en hiver. Les activités humaines, y compris le ski de randonnée ou le ski nordique, augmentent le stress chez les animaux et peuvent conduire à des changements de comportement qui menacent leur survie.
Cette pression soulève un dilemme majeur : comment préserver l’équilibre de ces écosystèmes tout en soutenant l’économie des régions montagnardes, largement dépendantes du tourisme hivernal ? Avec le réchauffement climatique, qui entraîne une baisse progressive des chutes de neige, le modèle actuel du ski est de plus en plus remis en question. Une transition vers des pratiques plus durables, comme le développement de formes alternatives de tourisme ou la restauration des écosystèmes, semble inévitable pour assurer un avenir aux montagnes.