6 mars 2025
Comprendre le phénomène El Niño
Par
Gildas Barbot et Florence Gault
2023 et 2024 ont été marquées par le phénomène El Niño, un des plus intenses épisodes jamais enregistrés. Ce phénomène climatique naturel a entraîné une hausse des températures mondiales et alimenté de nombreux événements extrêmes autour du monde. Il a désormais laissé la place à La Niña.
©Pixabay
Après plusieurs mois d’influence sur le climat mondial, El Niño s’est dissipé, laissant place à son pendant opposé, La Niña. Selon un bulletin Info-Niño/Niña de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié au mois de mars, le phénomène La Niña, de faible intensité et apparue en décembre 2024, devrait être de courte durée. Les températures de surface du Pacifique équatorial, actuellement inférieures aux normales saisonnières, devraient progressivement revenir à un état neutre.
« Le phénomène El Niño est un phénomène climatique qui se développe dans le Pacifique tropical, qui est anormalement chaud pendant une année, explique Jérôme Vialard, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement à Paris. Et on a le phénomène La Niña, qui est le contraire, qui est une anomalie froide dans le Pacifique tropical. »
Ce cycle résulte de l'interaction entre l'océan et l'atmosphère. Lorsque l'océan se réchauffe, les alizés, ces vents qui soufflent habituellement sur le Pacifique, s'affaiblissent, ce qui renforce encore le réchauffement initial. Son impact a été particulièrement marqué en 2023, une année d’exception en matière de températures, avec un pic d’intensité atteint en décembre. Ses effets se sont prolongés jusqu’au printemps 2024.
La transition vers La Niña pourrait inverser certaines tendances météorologiques. En général, ce phénomène induit des effets climatiques inverses à ceux d’El Niño, notamment dans les régions tropicales. Cependant, ces variations naturelles se superposent au changement climatique d’origine humaine, qui accentue la hausse globale des températures et exacerbe les événements extrêmes. Ainsi, malgré l’apparition de La Niña, janvier 2025 s’est révélé être le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré.
L’OMM estime à 70 % la probabilité que La Niña persiste entre août et octobre 2025. Son influence pourrait entraîner des précipitations intenses et des inondations en Australie, ainsi qu’une mousson renforcée en Inde. À l’inverse, elle risque d’aggraver les sécheresses dans plusieurs régions, notamment le sud de l’Amérique du Sud, le sud des États-Unis, la Californie, la Corne de l’Afrique et l’Asie centrale.
Si le cycle climatique continue d’alterner entre ces deux phénomènes, le réchauffement global, lui, suit une tendance constante, posant des défis toujours plus grands en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique.