14 mars 2025

Les bienfaits de la colère face à la crise écologique

Par

Gildas Barbot et Florence Gault

Écoanxiété

3 mins

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Face à la crise écologique, nos émotions jouent un rôle clé. Si l’éco-anxiété est largement étudiée, une recherche menée en 2024 par l’Université catholique de Louvain a révélé que la colère, souvent perçue comme négative, pourrait être un puissant moteur d’action.

©Kevin Snyman/Pixabay

Les émotions que nous éprouvons à l’égard de la crise écologique ne sont pas sans conséquences. Qu’il s’agisse d’anxiété, de tristesse ou de colère, les dégradations environnementales ne laissent pas indifférent. Jusqu’à présent, ces émotions étaient souvent perçues comme négatives, voire comme des sources de souffrances psychologiques. Pourtant, il s’agit là de réactions saines et normales. Mieux, ces ressentis pourraient en fait constituer de puissants leviers, en contribuant aux changements nécessaires en faveur de la transition écologique.

Si la recherche scientifique s’était jusqu’à présent surtout penchée sur l’éco-anxiété, d’autres émotions, telles que la tristesse et la colère, sont également fréquemment rapportées par les citoyens dans de nombreuses études. Pourtant, les vertus (ou méfaits) de ces émotions dites négatives avaient jusqu’ici été peu explorées par la communauté scientifique. C’est pourquoi une équipe de chercheurs de l’UCLouvain, menée par Alexandre Heeren, professeur en psychologie à l’Institut de recherche en sciences psychologiques, a décidé de réaliser une étude inédite. « Se poser la question de l'utilité de la colère face à la crise écologique, c'est avant tout se poser la question de la fonction et de l'utilité de nos émotions, et ce même de nos émotions dites négatives, comme la colère, la peur, l'anxiété ou la tristesse », explique Alexandre Heeren. 

La colère, un moteur pour l’action écologique

Pendant deux mois, les scientifiques ont suivi et analysé les émotions d’une centaine de volontaires via une application mobile. Ce dispositif a permis d’observer, au plus près du quotidien des participants, les variations de leurs émotions en lien avec la crise climatique ainsi que leurs effets sur l’adoption de comportements respectueux de l’environnement. Les chercheurs ont étudié trois émotions principales : la tristesse, l’anxiété et la colère.

Les résultats sont sans appel : éprouver de la colère face à la crise écologique est la seule émotion qui entraîne des changements comportementaux significatifs au fil du temps. Selon l’étude, publiée dans le Journal of Anxiety Disorders, la colère incite à des actions concrètes, tant au niveau individuel que collectif. Elle pousse les individus à modifier leurs habitudes de consommation, à revoir leurs modes de mobilité et même à s’engager dans des manifestations ou des initiatives locales favorisant la transition écologique.

Alexandre Heeren explique d’ailleurs que cette dynamique s’inscrit dans la fonction même des émotions : « Le mot 'émotion' vient du latin 'ex movere', signifiant 'se mettre en mouvement'. Les émotions, y compris celles considérées comme négatives, nous poussent à réagir et à nous adapter. » La colère, en particulier, s’active lorsqu’un besoin fondamental est menacé, générant une réaction de défense et une volonté d’action.

Une émotion à canaliser pour éviter le découragement

Si la colère peut être un puissant moteur d’action, encore faut-il la canaliser pour éviter qu’elle ne se transforme en frustration ou en épuisement. L’étude souligne l’importance de structurer cette émotion en engagements concrets et collectifs. Rejoindre des initiatives existantes, participer à des cercles de discussion ou s’investir dans des projets locaux peut permettre de transformer cette colère en une énergie constructive.

Cette étude de l’UCLouvain ouvre la voie à une réflexion plus large sur l’importance des émotions dans la transition écologique. Comprendre que la colère peut être un levier de changement invite à repenser notre rapport aux émotions face à la crise climatique. Plutôt que de les considérer comme des freins, elles peuvent être vues comme des forces motrices, incitant à l’action et au changement.

Pour creuser le sujet, écoutez la table ronde enregistrée au Greener Festival 2024 sur ce qui nous pousse à agir face aux crises écologiques et sociales :

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