19 mars 2025

Une pièce pour les vivant·e·s : le théâtre face à l'extinction du vivant

Par

Florence Gault

Culture

3 mins

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Du 18 au 20 mars 2025, le Théatre du Point du Jour à Lyon a accueilli "Une pièce pour les vivant·e·s en temps d’extinction", mise en scène par David Geselson à partir du texte de l’Américaine Miranda Rose Hall. Pensée pour être jouée sans électricité et avec un minimum d’impact carbone, la pièce rend hommage au vivant et ouvre une réflexion intense autour de l’effondrement du vivant. Une expérience sobre et puissante.

© Simon Gosselin

« Je suis sortie la boule au ventre, mais j’ai adoré la mise en scène. » « J’ai trouvé la distinction entre la mort et l’extinction très pédagogique. » À la sortie, le spectacle n’a laissé personne indifférent. Le constat est posé, brut, dur, mais la mise en scène invite à réfléchir à notre rapport au vivant. Dans Une pièce pour les vivant·e·s en temps d’extinction, l’autrice américaine Miranda Rose Hall raconte l’histoire de l’apparition du vivant sur Terre et de la 6ème extinction de masse en cours. Elle nous rappelle que nous sommes les héritiers d’un monde façonné par des milliards d’années d’évolution, aujourd’hui menacé par nos propres actions.

Pratiquer la sobriété

Il y a 3 ans, Katie Mitchell crée ce monologue au Théâtre de Vidy-Lausanne. Pour le mettre en scène, elle propose un cahier des charges bien précis : le spectacle qu’elle crée ne voyagera pas. Mais il pourra être joué partout dans le monde. Il devra se jouer sans être relié au réseau électrique. Mais il faudra pouvoir le voir. Il devra être joué par une femme. Mais une femme qui ne sera pas issue de la majorité visible de son pays. Enfin, il  devra émettre le moins de carbone possible et être sobre.

C’est ainsi que naît la version mise en scène par David Geselson. Le sujet de l'écologie lui tient à coeur depuis de nombreuses années. « Ce qui différencie l’Homo sapiens du reste du vivant, c’est notre capacité à coopérer pour survivre et notre capacité à raconter des histoires, explique le fondateur de la compagnie Lieux-Dits. Moi, j’ai beaucoup d’espoir, même si je sais que c’est le pire moment dans le monde pour avoir de l’espoir ! » Sur scène, la comédienne Juliette Navis incarne le récit des grandes extinctions de masse avec une sobriété qui renforce la portée du texte.

Juliette Navis, allumant une lampe à huile ©Simon Gosselin

Pas d’électricité, mais de la lumière apportée par des lampes à huile de colza bio (et un peu de pétrole, pour qu’il y ait de la lumière jusqu’à la fin du spectacle!). À ses côtés, un violoncelliste accompagne le fil du spectacle, créant une atmosphère intime, presque méditative. Dans cet espace dépouillé, où aucun dispositif technique ne détourne l’attention, la parole et la musique suffisent à faire surgir les images d’un monde en train de s’effondrer.

Faire du théâtre autrement

Au-delà de l’histoire racontée, Une pièce pour les vivant·e·s en temps d’extinction interroge la manière de produire des pièces de théâtre. Un sujet qui tient particulièrement à coeur de David Geselson. « J’ai d’ailleurs proposé au théâtre de Vidy-Lausanne d’adapter le guide pour la durabilité des structures [NDLR : proposée par Katie Mitchell ] pour en faire un guide pour les équipes artistiques », raconte-t-il. Un guide qui devrait sortir au mois de juillet. « On se pose des questions : comment continuer à produire sans détruire ? », s’interroge le metteur en scène. Parmi les sujets abordés : la mobilité, les repas, l’éco-conception des décors ou encore les costumes.

David Geselson ©Simon Gosselin

Dans ce contexte de crise écologique, l’empreinte carbone du secteur culturel est souvent mise en question, notamment en ce qui concerne les décors, les ressources utilisées ou encore les déplacements. Certains artistes, comme le groupe d’électro-rock Shaka Punk, ont renoncé aux tournées mondiales, évoquant un bilan carbone trop important. À la compagnie Lieux-Dits, on a repensé la logistique du spectacle. « Pour partir en tournée en France, on utilise un utilitaire électrique », raconte Laetitia Fabaron, administratrice des productions et des tournées de la compagnie Lieux-Dits. « Ce qui pose plein de défis logistiques. »

Avec Une pièce pour les vivant·e·s en temps d’extinction, David Geselson et la compagnie Lieux-Dits prouvent qu’il est possible de faire du théâtre autrement, en interrogeant non seulement le fond mais aussi la forme et les moyens de production. Une invitation à réinventer nos récits et nos pratiques à l’heure de la crise écologique.

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